En septembre, je reçois un message de l’Equipe Mobile de soins
gériatriques me demandant de visiter une patiente, très croyante et qui
souhaite que je lui porte la Communion. Je rencontre cette personne qui
m’accueille avec un sourire tellement lumineux que j’en suis étonnée.
Nous faisons connaissance : elle me parle de sa vie, de sa famille et de
son état de santé très dégradé. Aucune plainte de sa part. Elle me dit
être hospitalisée depuis l’été et avoir besoin du soutien du Seigneur
dans cette épreuve. Elle reçoit des visites de ses proches, et des appels
téléphoniques chaque jour, véritable soutien psychologique pour elle. A
cet instant, le téléphone sonne, son sourire lumineux revient, Mme M
répond. C’est sa fille. Elle me passe le téléphone car elle tient à nous
présenter. Mme M commence à se fatiguer, nous prenons un temps de
prière assez bref. Elle veut rendre grâce au Seigneur pour cette belle rencontre ! Au moment où je
sors, elle me dit qu’elle m’embrasse en faisant le geste à distance et elle me bénit. Je suis
bouleversée.
Les jours suivants, nous prions ensemble et Mme M communie. Je constate que son état de santé se
dégrade. Sa fille me prévient qu’elle a proposé à sa maman de recevoir le Sacrement des malades.
Je retrouve Mme M dans sa chambre, elle a un air très préoccupé. Je lui en demande la raison. Elle
m’explique que sa fille est malade et qu’en tant que maman, elle souhaiterait recevoir le Sacrement
des malades en même temps que sa fille. Le jour fixé arrive. Je passe dans la chambre plus tôt pour
vérifier que le personnel soignant est averti de la venue du prêtre. C’est bien noté dans les
transmissions mais lorsque je rentre dans la chambre, le deuxième lit qui était vide jusqu’à la veille
est occupé. Je retourne voir l’équipe soignante qui dans un temps très rapide nous met à disposition
un petit bureau. La célébration débute en présence de la fille, de cette patiente, de son gendre et de
l’une de ses petites filles. Quelle émotion nous vivons dans cette pièce exiguë qui embaume le
parfum de l’huile consacrée !
A mon retour de congés de fin d’année, je retrouve Mme M. Elle me dit qu’elle est heureuse de me
voir et qu’elle a des choses à me confier.
Elle me raconte sa journée de « permission » pour « Un Noël magnifique ! ». Elle me dit son
immense joie d’avoir pu retrouver enfants et petits-enfants tellement tendres envers elle. Soudain
son visage s’assombrit et elle me dit : « Je les aime tous tellement… mais …mon état de santé s’est
beaucoup aggravé et je sais que je vais devoir les quitter ». Je lui demande pourquoi cette immense
peine l’envahit alors qu’elle a une telle Foi, une telle confiance dans le Seigneur et la Vierge
Marie ? Nous évoquons la spécificité de notre religion catholique : notre Foi en la Résurrection et
en la Vie Eternelle. Son grand sourire revient immédiatement. Nous discutons du fait que quitter
ses proches ne signifie pas la disparition des tendres liens qui nous unissent. Elle me partage sa
peine de ne plus pouvoir veiller sur eux comme avant. Je lui dis qu’elle allait partir «sur l’autre
rive» leur préparer la place et qu’elle pourrait toujours veiller sur eux et peut-être encore mieux
qu’aujourd’hui… Cela l’a beaucoup apaisée.
Je lui demande si la mort lui fait peur, elle me répond que non, qu’elle est prête. Notre ultime
rencontre se termine par un magnifique temps de prière et de communion. La Joie se lit sur son
visage.
Nous rendons grâce pour ce Pain de Vie que nous pouvons apporter à l’hôpital aux personnes qui
souffrent.
Elle a rejoint le Seigneur, veillée par sa famille.

Marie- France Vidon, Aumônier Catholique de l’Hôpital de Longjumeau.